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L'Inde du Sud, une symphonie des sens
Voyage en Inde du Sud : une symphonie des sens.
Lorsque le vol atterrit enfin à Chennai, il ne transporte pas seulement les 16 retraités d'Air France, mais surtout des esprits curieux, des camarades heureux de se retrouver -certains perdus de vue depuis longtemps- et d'intégrer les récents adhérents de l'Association qui, dès le premier soir, apprécieront la convivialité du "pot équipage" qui se répètera à chaque étape.
L'Inde du Sud, ce vaste sous-continent, s'ouvre à nous avec la grâce d'une danseuse Bharata Natyam, que nous aurons le plaisir d'applaudir un soir dans les jardins de notre hôtel de Tanjore.
D'emblée Chennai, l'ancienne Madras, nous saisit de son effervescence bruyante et bigarrée. Ses marchés débordent de fleurs, de légumes et de fruits, certains inconnus . Nous nous y perdons et nous retrouvons au milieu des klaxons assourdissants, des étals envahis par les mouches et des remugles d'ordures de toutes sortes. " Les parfums, les couleurs et les sons se répondent" dirait Baudelaire, mais pas pour des oreilles et des narines délicates.
Nous visitons ensuite le mémorial de Gandhi en bordure d'une longue plage urbaine où les choucas se disputent les restes de la pêche du jour, et où de gracieuses demoiselles en saris se font des frayeurs dans les rouleaux de l'Océan indien d'une pureté très discutable. La journée se poursuit dans Mylapore, sa cathédrale et le Fort Saint-Georges, le plus redoutable ouvrage militaire des Indes britanniques.
Le lendemain nous prenons la route plein sud, ayant en tête la recommandation de Rabindranath Tagore :
"Le voyageur doit frapper à toutes les portes avant de parvenir à la sienne" .
Aussi n'hésitons-nous pas à multiplier nos visites, parfois en nous écartant du programme initial: Villupuram, Mahabalipuram, où les sculptures révèlent l'histoire gravée dans la pierre, les cinq Rathas, Cuddalore, Chidambaram, jusqu'à Pondichéry, où la présence française survit au désastreux traité de Paris à travers des monuments emblématiques qui mériteraient une meilleure conservation. Un détour par Auroville nous fait toucher du doigt l'alliance de la spiritualité indienne et des principes de Proudhon.
Madurai , berceau de la langue Tamoul, nous séduit par la richesse de ses temples, la cérémonie du coucher de Shiva, par son somptueux palais de Tirumalai Nayak, et par une balade nocturne en tuk-tuk qui fera taire définitivement ceux qui pensent que les retraités ont perdu le goût du risque...
En quittant le Tamil Nadu pour le Kérala, les paysages changent , de même que les traditions et les cultures. Cet état s'enorgueillit d'un niveau de vie enviable . Les chrétiens y sont bien implantés, et la ferveur des fidèles n'a d'égale que la beauté de leurs lieux de culte, en rien inférieurs aux multiples temples d'un Panthéon indien protéiforme et compliqué.
Des plantations de thé luxuriantes de Munnar aux backwaters calmes d'Allepey, cette région nous enseigne l'art de ralentir, de contempler, de goûter, de partager. À chaque étape, les visages que nous croisons s'illuminent d'un sourire ; les mains tendues offrent des épices, du jasmin , des objets d'artisanat traditionnel, ou simplement un fragment de leur âme pour les plus démunis.
Cochin, notre point final, arrive trop tôt, La ville restera pour nous incomplète faute de temps pour la découvrir. Mais faisons encore appel à Tagore qui nous rappelle que
"L'éclat du voyage réside dans le fait qu'il ne se termine jamais vraiment".
Voici déjà la nuit du retour, et tandis que l'avion décolle, un dernier sourire se dessine sur nos visages, fourbus mais comblés. Ce sourire, peut-être l'essence même de l'Inde du Sud : profonde, indéchiffrable, mais incroyablement humaine.
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